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Immobile et agité
14 mars 2014

Longtemps, "Immobile et agité" j'ai appelé ça

Longtemps, "Immobile et agité" j'ai appelé ça "Intello et punk". Est-ce que ma véritable nature était d'être punk mais que je niais ce corps jaillissant en me recroquevillant dans mon penchant intello ? Ou est-ce qu'au contraire je suis fait pour penser, réfléchir, chercher et concevoir et que par paresse je me suis réfugié dans la punk-attitude ? Je n'ai toujours pas la réponse, je sais juste que j'ai tout gâché : le punk en moi me faisait bâcler mes quêtes intellectuelles et artistiques ; l'intello en moi se refusait les explorations souvent risquées et autres expériences de vie typiquement punks. En voulant équilibrer mes directions, j'ai perdu sur toute la ligne. (Comme ces habitants du péri-urbain qui, au lieu de n'avoir ni les inconvénients de la ville ni ceux de la campagne, n'ont ni les avantages de la première ni ceux de la seconde.)

 

C'est vraiment inconfortable ce que je vis en ce moment car tout ce en quoi je croyais à l'extérieur de moi est en train de s'écrouler. Heureusement que je gère plus ou moins bien mes désordres intérieurs. Mais l'introspection ne bâtit pas une vie ; la preuve, ce sont les constructions concrètes qui peuvent la détruire ! Car c'est bien de cela dont il s'agit : j'ai tout mis dans le matériel, dans l'artistique ; je me suis usé à y croire avec zèle. La bande dessinée ne pouvait que me convenir, elle s'était imposée à moi car je n'avais connu que ça, j'oubliais toutes les couleuvres ridicules qu'elle me faisait avaler ("allez, devoir acheter des livres parce que c'est forcément bien parce que c'est l'éditeur chez qui je me vois publier", "allez, faire ça comme ça parce qu'ainsi c'est présentable et ça peut correspondre à ce qui a déjà été fait", j'en passe et des meilleurs). Je voyais bien que je n'étais pas fait pour ça, mais justement c'est ce qui me motivait, ils allaient bien voir ! L'écriture me semblait une montagne encore plus impossible à grimper, il fallait bien plus de maîtrise et de talent. En BD on pouvait louvoyer, jouer, tricher, faire style.

 

Quand on s'aperçoit un beau jour qu'il n'y a que le langage et le besoin de dire (ou de crier) qui nous intéresse et qu'on a perdu son temps à le circonscrire dans des petits bonhommes, on sait pas comment rattraper le temps perdu. On se console comme on peut, on se met à penser que peut-être après tout ça ne pouvait que se passer ainsi, qu'on n'était pas assez mature pour, qu'on n'aurait pas pu s'intéresser plus tôt à d'autres choses, qu'on a raté trop de coches et qu'on a pu que se construire contre au lieu de pour. "Ils veulent me clouer à une chaise, eh ben moi okay je vais me clouer à cette chaise mais en faisant plein de gribouillis, na !" C'était ma manière d'être punk (agité) intello (immobile).

 

Maintenant, j'ai l'impression d'avoir le monde à découvrir. J'ai toujours eu cette impression mais je faisais exprès de retarder sa mise à l'oeuvre, comme par peur d'être déçu ou incompétent en la matière. Ou tout simplement de ne pas avoir d'assez bonnes pensées pour. Maintenant que j'ai fait un tri dans ma tête et dans mon corps, je vois ce qui peut m'attendre et je vais essayer d'agripper la manche avec le minimum de craintes absurdes possibles.

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