Je ne souhaite plus dessiner, je ne souhaite plus écrire, je ne souhaite plus avoir un "métier" (l'ai-je déjà souhaité ?), alors qu'est-ce qui fait que tout n'est pas devenu vide, que je ne m'ennuie pas ? Eh bien justement le fait que je n'aime pas le monde ! Vive ce non-amour du monde ! Ce non-amour du monde demande tellement de concentration, d'acharnement, de travail pour en faire partie (du monde) que cela me prend tout mon temps et qu'ainsi je n'ai plus de temps pour penser à mon vide artistique. Le temps du monde a remplacé le temps de l'art, avec des années de retard par rapport à ce qu'aurait été une évolution décente (au moins sept ou huit années d'écart avec mon meilleur ami qui, lui, a la tête sur les épaules). Je ne prends le train du monde que maintenant : bien sûr qu'il ne m'a pas attendu et que des choses sont perdues d'avance !
Mais dans le monde il y a aussi la vie, et pour ça par contre c'est agréable et apaisant de prendre son temps, d'en découvrir progressivement et tardivement les délices. (Encore faut-il m'en laisser la possibilité, pitié !)
Correspondance d'hier