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Immobile et agité

25 septembre 2013

Si je ne crois pas aux diverses théories

Si je ne crois pas aux diverses théories prospectives d'apocalypses sociétaux (du "retour des religions fanatiques" au "raz-de-marée néo-fasciste", en passant bien sûr par l'éternelle "perte des bonnes vieilles valeurs et du respect des familles, ma bonne dame"), c'est aussi sûrement parce que je crois que dès qu'on pense trop fort à quelque chose, ça n'arrivera pas. D'où aussi mon malaise vis-à-vis des incantations rebelles, celles-ci n'étant de toutes façons jamais à la hauteur de ce qu'il faudrait bouleverser, le seul apocalypse concret étant écologique donc structurel et philosophique.

Spirituellement il n'y a pas plus zen que moi (tel est mon corps apaisé, par rempart aux assauts du monde), alors qu'intellectuellement je ne crois en rien : ni en le Marché, ni en l'Etat, ni en la Nation. Les révolutionnaires de tout poil, qu'ils soient pénibles ou pertinents, me semblent être l'inverse : leur cerveau est moins radical que le mien, ils s'accrochent à une petite dose de pragmatisme ("passons par l'Etat pour...", "passons par le Marché pour..."), alors que leur caractère est plutôt angoissé et/ou impétueux. Mais justement, ça doit être ça qui permet leur mouvement, c'est rassurant de vouloir s'appuyer sur des constructions. Moi je voudrais tout détruire mais je ne peux pas le faire tout seul alors en attendant je réfléchis et morigène : mon confort c'est l'anarchisme immobile. Le premier qui me traitera de "nihiliste" aura tout faux car je crois en l'homme bien plus que quiconque, peut-être pas en les riches qui sont définitivement pourris mais en les pauvres (dont je fais plus ou moins partie) qui peuvent encore s'ouvrir à l'essentiel, aux structures.

Le seul but noble de la culture c'est le retour à la sagesse de la nature, ou comment l'homme boucle la boucle. Tout ça pour ça. Mais c'est beau.

Correspondance d'hier

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24 septembre 2013

(Le principe de plurilecturabilité de l'exercice

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(Le principe de plurilecturabilité de l'exercice des "strips croisés" est une invention de l'OuBaPo : Ouvroir de Bande dessinée Potentielle.)

Correspondance d'hier

23 septembre 2013

Je me dis - quelquefois, Clov, il faut que tu

Je me dis - quelquefois, Clov, il faut que tu arrives à souffrir mieux que ça, si tu veux qu'on se lasse de te punir - un jour. Je me dis - quelquefois, Clov, il faut que tu sois là mieux que ça, si tu veux qu'on te laisse partir - un jour. Mais je me sens trop vieux, et trop loin, pour pouvoir former de nouvelles habitudes. Beckett, Fin de partie

Je me dis quelquefois qu'il n'y a rien à faire, que je ne saurai jamais faire les choses que le monde me demande de faire, que mon corps restera à tout jamais prostré et empoté, qu'on aura à tout jamais envie de me gueuler dessus, que la patience sera perdue, n'existera plus. Je me dis quelquefois que mon esprit ne saura jamais être dans le présent des choses, que ce départ permanent empêche tout départ réel, physique, annule toute liberté. Mais c'est trop tard pour faire marche arrière, j'ai raté le coche, le monde n'accepte aucune inadaptation prolongée.

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Correspondance d'hier

20 septembre 2013

Amnésie à chaque réveil : non pas où suis-je ou

Amnésie à chaque réveil : non pas où suis-je ou qui suis-je mais comme si je naissais à chaque fois. Le bébé ne se demande pas qui il est, il vient à la vie sans passé. L'impression que ce n'est pas moi qui ai vécu ceci ou cela, juste quelques souvenirs diffus d'émotions ou de sensations, mais intellectuellement je ne me reconnais pas dans ces lieux, ces choix, ces confrontations aux gens. Mais mon corps s'en souvient : pour une fois, c'est mon corps qui me sauve, qui m'assure l'équilibre. Rare ! Mais pas si rare que ça en fait ? Ce serait donc mon cerveau qui aurait un problème ?

Mon amnésie se porte tout autant sur les choses négatives ("j'ai travaillé là") que positives ("j'ai fait telle bande dessinée") : preuve que je ne cherche rien à refouler, juste que je suis un intrus dans mon corps et dans ma tête, que j'accomplis les choses de manière désincarnée, abasourdie, abrutie, que je renais chaque jour à la vie, tant physiquement que mentalement. C'est à la fois ma plus grande précarité existentielle (ce n'est pas très sécure pour la permanence du sentiment de soi) et le meilleur moyen de ne jamais me lasser des circonvolutions de mon bonhomme de chemin, celles-ci m'apparaissant toujours comme des nouveautés, jour après jour. L'enthousiasme peut ainsi perdurer.

Correspondance d'hier

19 septembre 2013

Correspondance d'hier

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18 septembre 2013

Pas confiance en ce que je fais (il suffit qu'un

Pas confiance en ce que je fais (il suffit qu'un jour passe et je ne me reconnais plus dans telle ou telle page ; de toutes façons ce n'est pas moi qui l'ai faite vu que je ne m'en rappelle plus), j'attends que les autres me la donnent cette confiance, mais ils s'en foutent aussi. C'est très rare qu'ils viennent me chercher et quand je fais la démarche ils font la sourde oreille. En somme, ni eux ni moi n'aimons ce que je fais : à quoi bon continuer, alors ? Ce ne serait ni pour moi ni pour eux. Pour qui alors ? 

Correspondance d'hier

17 septembre 2013

Faut toujours que je me concentre profondément

Faut toujours que je me concentre profondément sur le monde quand je suis dans lui, vu que ça m'est physiquement pénible de rester debout et attentif, de faire des choses avec mes mains, mes bras, mon tronc, mes jambes et mes pieds. Du coup, quand je suis dans l'art, je n'ai pas envie qu'on me parle du monde, d'avoir encore affaire à lui. Je préfère qu'on me parle de ce qu'il y a dans ma tête, ou alors qu'on crée un tout autre monde avec une toute autre logique. Mais le monde dans l'art c'est encore du monde alors ça suffit, marre !

Rien ne sert de me décrire les choses du monde dans vos livres, je zappe, je décroche : j'ai déjà dû accrocher durant toute la journée ! Quand vous décrivez le monde, ça me rappelle quand je dois le comprendre pour pouvoir en faire partie en soulevant des trucs et en déplaçant des choses à mettre ailleurs, en devant me comporter comme il faut pour correspondre aux directives : c'est un aussi grand effort, pour moi. Car tout ça me demande de croire au monde, de me dire qu'il ne fait pas exprès d'avoir des manies répétitives et criminelles (si c'était le cas, il serait trop con, je ne puis le croire ; si j'y crois, je... je ne sais pas ce que je fais, je ne sais plus où j'en suis).

Correspondance d'hier

16 septembre 2013

J'ai mal aux jambes, c'est pas croyable. Je ne

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J'ai mal aux jambes, c'est pas croyable. Je ne pourrai bientôt plus penser. Beckett, Fin de partie


Correspondance d'hier

13 septembre 2013

Je ne comprends pas la temporalité du monde

Je ne comprends pas la temporalité du monde social. Le but de chacun c'est bien sa recherche personnelle de vérité, non ? Cela demande donc de la progressivité, des éclaircissements qui se font petit à petit (rarement des éclairs soudains ; et même quand ceux-ci arrivent, c'est après de longs tâtonnements de pensée), donc pourquoi ce flot pressé, ces exhortations au "dynamisme", à la "réactivité" ? On dirait une masse débile de gens déboulant en criant "il faut travailler, il faut travailler", comme si c'était ça le "travail", comme si c'était débouler. 

Mais d'un autre côté (car ma quasi-dyspraxie a deux faces), je ne comprends pas non plus la temporalité du monde artistique. Il faut passer deux cent ans sur un projet, fignoler les détails jusqu'à en perdre le sens premier, consacrer sa vie à son "bureau", à son "atelier" (termes du monde du travail, ha ha, pris en flag' les "artistes" !). Quant à l'éditeur, c'est le plus tard possible qu'il publiera l'oeuvre finie, histoire que l'auteur s'en sente loin et puisse la renier pour ne penser qu'à la prochaine qu'il lui donnera. Malins les gars, de vrais patrons pervers !

Ni l'un ni l'autre système ne conviennent à mon tempérament immobile et agité.

Correspondance d'hier

12 septembre 2013

Correspondance d'hier

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